EVOLUTION DU COLLEGE DANS LA 1ère MOITIE DU XXme SIECLE
Les collèges jésuites ne changeront vraiment que dans la seconde
moitié du XXme siècle, mais déjà avant la guerre
de 1940 ils avaient sensiblement évolué : on peut résumer
les choses en disant que la plupart des façons de faire du XIXme siècle
étaient encore en place, mais que lesprit sétait détendu
et que ces façons vivaient leurs dernières heures.
Démocratisation
Au milieu du XXme siècle, les collèges jésuites ont du
mal à se défaire dune réputation de " collèges
réservés aux classes aisées ", réputation
quils sétaient forgée eux-mêmes au siècle
précédent par leurs internats payants à des taux souvent
très élevés. Pourtant leur politique à ce sujet
était devenue beaucoup plus souple : de nombreux arrangements financiers
étaient offerts aux familles et peu à peu leur clientèle
se démocratisait, même si cétait très lentement
(au compte-gouttes pour certains collèges, plus vigoureusement pour dautres).
Nouvel état desprit
Lidéal déducation de la bourgeoisie du début
XXme demeurant grosso modo celui de la bourgeoisie du siècle précédent,
les valeurs de base des collèges (ordre, sérieux, discipline et
virilité) ne sont pas encore remises en question, mais les choses se
passent autrement, dans une ambiance beaucoup moins austère et militaire.
Les arts
Le théâtre, la musique, le chant, même sils ne sont
toujours pas intégrés aux horaires et demeurent à titre
de distraction seulement, ont repris vigoureusement leur place. Les pères
Recteurs ont tendance à les favoriser. Ainsi à Avignon chorale
et théâtre sont des activités très vivantes et le
dessin est enseigné officiellement (on est loin du P. Bouffier, recteur
en 1850, qui interdisait purement et simplement toutes ces " mièvreries
" ! ) Par contre les " exercices publics" encore si
nombreux dans les collèges du XIXme siècle, et grand héritage
des anciens collèges, ont complètement disparu. Seul le Prix d
Honneur sest maintenu, mais il est devenu complètement écrit.
Voir les activités
XXe sur le site internet de Saint Joseph.
La Discipline
La discipline perdure mais elle a changé desprit et surtout de
façon de sexercer : plus de férule, ni de salle de discipline
au pain sec et à leau ,qui rappelait fâcheusement le régiment
ou la prison, encore moins de " pratiques douteuses " telles
les nombreuses punitions vexatoires du siècle précédent,
mais on met toujours les élèves à genoux . Le séquestre
existe encore mais il est rarissime (et gravissime). On marche toujours en rangs
par deux mais il ny a plus duniforme. Les horaires se sont assouplis
(plus de lever à 5h du matin), désormais la coupure hebdomadaire
du jeudi est acquise, et on part en vacances pendant lannée scolaire
(on part même le dimanche si on nhabite pas trop loin) .Le collège
na plus de maison de campagne, mais les promenades et les jours de congé
(en particulier le congé des Nouveaux en début dannée)
restent nombreux .
Les études
Le niveau des études demeure réputé et " les études
chez les jésuites " passent toujours pour être excellentes
au niveau littéraire ; pourtant on ne parle plus du tout le latin (quon
commence en 6me seulement, contre la 8me au siècle précédent)
et la voie royale commence à nêtre plus seulement celle du
latin et du grec. Voir Enseignement
sur le site internet du Lycée Saint Joseph, pour la fin du XXe.
Lémulation
Les méthodes de travail demeurent les mêmes et lémulation
est toujours très utilisée : au début du siècle,
il y a encore dans les classes, comme dans celles des anciens collèges,
le banc particulier du censeur (1er de classe), mais on abandonnera peu à
peu cette appellation et il ne sera plus quun bon élève
cité en exemple, alors quau siècle précédent
il secondait carrément le maître. Les croix dhonneur, le
système des émules, ont disparu, mais de nouvelles formules les
ont remplacées : les grands " A " par exemple (huit jours avant
le 8 Décembre, et pendant tout le mois de Marie, les élèves
qui ont accumulé des " grands A " (bonnes notes de discipline)
jouissent dun jour de congé supplémentaire).
Les élèves sont comme autrefois mis à contribution dans
la vie quotidienne du collège : sil ny a plus de "
maîtres dhôtel "au réfectoire, ni de "
chefs lampadaire " il y a par contre toujours comme autrefois des chefs
de rang, un sonneur, des chargés des jeux, ou de lentretien des
poêles dans les classes.
Le collège, un monde fermé
Les Académies (clubs des meilleurs élèves) nexistent
plus, mais les Congrégations (clubs daction charitable et de vie
religieuse) fonctionnent encore, mais seront vite remplacées par des
mouvements comme la J.E.C., le Scoutisme ou St Vincent de Paul . cest
le seul moyen de contact avec la société hors collège,
car, comme au XIXme siècle, les collèges du début XXme
ne sont plus du tout ouverts sur la ville et sur la société :
les séances de théâtre ou les concerts publics qui existaient
encore un peu dans les collèges du XIXme (A Avignon par exemple, lorsquon
construisit le théâtre du collège, on eut soin de le faire
avec une entrée pour le public extérieur) ont cessé complètement
et la chapelle du collège, qui par tradition dans les anciens collèges
était un lieu public dapostolat, est maintenant totalement privée
et réservée aux seuls élèves et maîtres.