Extraits 3 : "Un lycée d'enfer"


Rencontre avec les auteurs


Sans quitter son fauteuil, la marquise apostropha l’assemblée :
- Que faisons-nous de ce jeune homme inconscient qui a commis l’irréparable !


Cyrano impertinent ne put s’empêcher de répliquer :
- Irréparable ! Irréparable ! C’est cela que vous dites ?
- Loin de moi la volonté de la critique,
mais la disparition de vos épîtres
n’est pas à mon goût une perte sinistre !


Victor Hugo, plus posé que les autres s’interposa et calma la dispute. Il venait d’apercevoir Camille et trouva fort à son goût son joli minois.
- Etes -vous vous aussi pyromane ? demanda t-il avec un petit sourire malicieux.
Sous l’effet de la surprise, Camille recula de quelques pas. Le grand Victor Hugo en personne lui adressait la parole.
Malgré l’émotion qui lui nouait la gorge, elle bégaya :
- Heu… Non, j’ai une peur bleue du feu...
- De toute façon, elle n’était pas là lors de l’incendie, expliqua Hadrien, elle…


Madame de Sévigné lui coupa la parole. Il comprit qu’il venait de commettre une maladresse.
- Alors expliquez-moi pourquoi et comment elle est ici ? dit-elle en regardant Camille dédaigneusement. Puis elle ajouta.
- Ma chère… votre toilette est de fort mauvais goût !
Voltaire qui de son temps avait toujours défendu les victimes de l’intolérance, prit la parole :
- Exprimez-vous sans crainte, nous sommes tout ouïe.
Camille se tourna vers Voltaire et lui avoua d’un air ennuyé :
- Il faut que je vous dise la vérité… je viens d’une autre époque, de votre futur… en quelque sorte.
Madame de Sévigné, que rien ne semblait démonter, la poussa dans ses retranchements :
- Avez-vous des preuves qui étayent de telles affirmations, jeune fille ?


Camille paniqua un instant. Puis, se jetant à l’eau, elle se tourna vers Victor Hugo :
- Savez-vous que de l’école primaire à la faculté on apprend vos textes, qu’ils sont traduits dans toutes les langues ? Que l’on a fait un film sur votre fille Adèle avec une actrice connue dans le monde entier ? - Là, elle était sûre de toucher la corde sensible
Victor Hugo resta un instant interdit. Puis le naturel reprit le dessus et il demanda :
- Et au sujet de mon enterrement… qu’en a t-il été ?
Elle ne se démonta pas et répliqua :
- Ce que je sais, c’est que vous aviez demandé le corbillard des pauvres et vous avez eu un enterrement de chef d’état. Vous reposez au Panthéon, avec les plus illustres hommes qui ont marqué l’histoire de France.


Madame de Sévigné s’interposa :
- Qui nous dit que tout ceci est vrai ? Et quand bien même ! Si vous êtes aussi célèbre que cette jeune fille le dit - elle était un rien sceptique - cela n’a vraiment rien d’extraordinaire !
Camille sentit la moutarde lui monter au nez. Le cerveau en alerte elle chercha ce qui pourrait clouer le bec à cette péronnelle. Ca y est ! Elle avait un argument et qui était d’ordre confidentiel !
- J’ai une preuve irréfutable !


Hugo, amusé, passa la main dans sa barbe. En un quart de seconde, Camille essaya de se souvenir de ce cours de français où son prof leur avait lu la très belle lettre d’un auteur de théâtre qui avait assisté à l’agonie de l’écrivain et raconté son enterrement. Elle regarda Hugo dans les yeux et dit :
- Alfred Gassier, vous vous souvenez de ce jeune étudiant de dix sept ans qui vous écrivit lors de votre exil ?

 

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