Pédagogie

 

Une première expérience d’atelier d’écriture nous avait conduit en 1999 à la rédaction d’un roman à la fois historique et fantastique, racontant librement l’histoire du lycée Saint Joseph d’Avignon.


Deux classes de seconde avaient relevé le défi de l’écriture collective. Celle-ci, une fois les difficultés surmontées, avait permis la rédaction et l’édition de "Un Lycée d’Enfer"


Ce roman est paru pour le 150° anniversaire de la fondation de notre lycée. Roman historique basé sur des archives du lycée, de la ville et du département.

Pour l'année 1999/2000 : deux sujets allaient être travaillés, la bête du Vaccares, et la gastronomie.



Ce type d’expérience pédagogique, qui permet d’impliquer des élèves de manière active et créative dans des projets de réalisations palpables et valorisants, nous a paru emporter leur adhésion. Comment allions-nous cette année " transformer l’essai " ?
En continuant à écrire, c’était certain. Les nouvelles instructions officielles nous y encouragent fortement si besoin en était. Restait à trouver un sujet !
Mais lequel ?


Le thème de travail nous fut proposé par le Palais du Roure, qui, dans le cadre d’Avignon 2000, préparait une exposition sur Joseph d’Arbaud, félibre et ancien élève de notre lycée. L’une de ses œuvres, " La Bête du Vaccarès ", nous toucha plus particulièrement. Il n’était néanmoins pas question d’écrire un plagiat de ce texte poétique, mais bien de réinventer cette légende avec des jeunes d’aujourd'hui.


Difficile avec un tel sujet d’obtenir l’approbation des élèves d’une classe de seconde. Cependant le charisme et l’enthousiasme d’intervenants, tous spécialistes de la Camargue, emportèrent l’adhésion du plus grand nombre. Les lectures en provençal du beau texte de d’Arbaud par Céline Magrini, le récit et les anecdotes illustrées de photos de Pierre Aubanel, manadier photographe, lui aussi ancien élève du lycée, le témoignage touchant de Tita, manadière, filleule du marquis de Baroncelli leur ont ouvert un monde inconnu.


Le travail d’écriture pouvait ensuite commencer, car il s’agissait d’inventer de nouveaux personnages et de les placer dans un milieu que nos élèves s’étaient affectivement approprié. Un atelier d’écriture, qu’est ce que c’est ?


Il s’agit dans notre cas d’un travail collectif avec une classe entière de niveau seconde. Le thème général est proposé par l’équipe constituée par le professeur de français, l’écrivain intervenant, la documentaliste. Nous avions ici un milieu, la Camargue et un personnage principal, la Bête.

- Une première étape a consisté à faire émerger collectivement les représentations de ces deux données : références historiques et littéraires, images et imaginaires personnels. Chacun d’entre nous a sa vision propre de la Bête - de la bête classique des contes de notre enfance aux monstres de science fiction proposés par le cinéma, de la bête malfaisante qui est en nous, à la représentation de la mort qui viendra un jour nous chercher -


- La seconde étape a donné lieu à l’écriture de textes personnels dans lesquels chaque élève a laissé libre cours à son imagination pour décrire sa vision de la bête. De ces textes ont émergé quelques personnages que trois groupes ont pris en charge pour leur faire vivre des aventures situées en Camargue. La classe, organisée désormais en trois équipes, a travaillé une heure par semaine sur trois histoires parallèles, qu’il était régulièrement nécessaire de confronter, afin qu’une intrigue émerge de la conjonction de trois destins.


Nous avons alors décidé de conserver trois histoires : celle du jeune Pascal, celle de Borel, prisonnier en cavale et celle de Gébé, journaliste en quête de sensationnel. Trois personnages, trois visions de la Camargue, trois parcours forts et symboliques qui permettront à chacun d’aller à la rencontre de la Bête ou de la créature malfaisante.


Le travail de création collective a été appuyé fréquemment de productions de textes personnels à la demande de Marie Savornin écrivain qui prélevait dans ces 36 textes les passages nécessaires à l’élaboration de l’histoire.


- La troisième étape
a permis aux élèves de reprendre, en groupes, les textes remis en forme par l’écrivain afin de les réajuster, voire de les réécrire.


- La quatrième étape,
décisive, a consisté en un véritable travail de synthèse sous forme de tableau pour que les différents récits répondent à un discours collectif construit dont le propos serait articulé autour d’une argumentation.


- Les étapes suivantes ont permis à des petits groupes de volontaires de préparer les séances en grand groupe, de peaufiner certains passages et de vérifier la cohérence de l’ensemble. Dans cette démarche de projet, deux objectifs ont été poursuivis : créer une cohésion dans la classe par la poursuite d’une réalisation commune et permettre à ce projet d’émerger grâce à des temps forts. Une journée de découverte d’une manade en Camargue et la visite de l’exposition sur Joseph d’Arbaud au Palais du Roure y ont contribué.


Le texte de d’Arbaud était plein de sensibilité, ils y ont été réceptifs et ont souhaité exprimer leur propre élan poétique.

 

Extraits