ET LA DISCIPLINE ?


Dans les écoles médiévales, le maître donnait un cours public pour un public de tous âges qui souvent chahutait. S’il avait de l ‘autorité, il expulsait les adultes perturbateurs et faisait donner les verges aux plus jeunes, mais la discipline s’arrêtait là. Dans les collèges jésuites du XVIme siècle les choses furent différentes : la discipline faisait partie de l’enseignement car St Ignace avait eu la prétention de faire de ses maisons des lieux d’éducation et non plus seulement d’instruction.

Rompant avec " les verges et le cachot" du Moyen Age, les jésuites avaient entièrement supprimé les punitions corporelles dans leurs écoles, car , selon le Ratio : "on obtient plus chez un enfant par l’espoir d’une récompense et surtout par la crainte du déshonneur que par des coups". L’émulation avait donc remplacé la punition.

Mais on ne laissait pas tout faire pour autant, et les règles étaient claires à ce sujet :
"En début d'année, le Régent (professeur) doit déterminer clairement dans sa classe les règles de discipline, à savoir les récompenses et châtiments qu’on encourroit et ce pourquoi on les encourroit "
Il tient un carnet où il note les "points de diligence et de négligence dont il fait proclamation régulièrement " et en fonction de ces points distribue "récompenses et punitions utiles".Par exemple :
"Pour celui qui vient tard, apporter en grec ou en latin le mot pigritia (lenteur de digestion) décliné ; pour le bavard impénitent, l’actif du verbe garrio (gazouiller, babiller) également en grec et en latin " (et en plus ils avaient de l’humour !).
Et, comme le dit joliment un père du XVIIme siècle, si d’aventure la classe subit l’influence d’un prochain mistral, le professeur donnera un devoir supplémentaire comme par exemple la traduction de phrases latines qu’il a citées dans son cours.

A l’inverse, le régent distribue aussi des " récompenses intelligentes " par exemple : "Sont délivrés du thème du Jeudi ceux qui ont su leurs leçons toute la semaine ou qui ont fait moins de 5 fautes d’orthographe dans leur devoir écrit." Et que font-ils pendant que les autres planchent sur le thème du Jeudi ? Ils " vont lire à la bibliothèque, dessiner au jardin botanique, ou jouer à la salle des Actes (salle de théâtre)".
Extraits du Diarium (journal) d’un régent, daté de 1703, et rédigé sous forme de conseils à un jeune novice qui débutait au collège d’Avignon :
" Ne souffrez point dans vos classes de paresseux de profession et surtout ne vous laissez pas tromper à leurs tromperies ordinaires qui est d’avoir l’air de travailler alors qu’ils ne travaillent pas ..... "
et un peu plus loin : "mettons que dans votre classe tout le monde a su parfaitement sa leçon, que pendant votre absence le Préfet et le Ministre qui se promenaient dans la cour des classes n’ont pas eu besoin d’intervenir pour rétablir l’ordre et le silence, que tout le monde est arrivé bien à l’heure et se trouve bien assis à sa place avec toutes ses affaires, et que les décurions ont compté les copies de la veille et qu’il n’en manque pas une, alors vous serez un régent comblé ! "

Moralité : il y a toujours eu dans les classes des paresseux, des retardataires, et des négligents qui ont oublié leur livre ou n’ont pas rendu leur devoir, et les élèves ont toujours eu tendance à s’agiter dès que le professeur avait le dos tourné !

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