L'EQUIPEMENT


LES LIVRES ET LE MATERIEL SCOLAIRE
. EQUIPEMENTS DU COLLEGE D’AVIGNON . LA MAISON DE CAMPAGNE. Anecdote concernant le P. Kircher, vers 1630.

LES LIVRES ET LE MATERIEL SCOLAIRE
L’élève du XVIme siècle, comme celui d’aujourd’hui, trimballait un lourd cartable ! et avec l’apparition du livre imprimé ce cartable contenait sensiblement les mêmes choses qu’aujourd’hui : de quoi écrire, des cahiers, des manuels scolaires .....

Voici ce qu’un régent (professeur) recommandait aux parents d’un petit élève de 5me en 1601, à Avignon :
"Ayez soin que votre enfant ait bien chaque matin ce qu’il lui faut : un porte-feuille avec ses livres, un cahier de papier blanc, un écritoire, et deux plumes. Qu’il ait à la maison un autre cahier où il doit copier ses thèmes latins, ses leçons d’histoire, et ses exercices de chiffres, et un autre où il mettra au propre les notes qu’il a prises aux cours de la journée. Vérifiez sur son " carnet " le travail à faire : les élèves de cette classe ont le lundi soir 3 leçons, un thème et un exercice de ponctuation, le mardi soir, ...etc "
Comme on le voit, les choses n’ont pas beaucoup changé depuis 400 ans !

A l’ouverture du collège d’Avignon en 1565, les élèves utilisaient des "Cahiers" où ils recopiaient in extenso les textes classiques et la grammaire grecque ou latine. Les livres, rares, étaient à l’unité et réservés à quelques matières originales comme les Mathématiques.
Ces cahiers étaient bien pratiques car, contrairement aux livres imprimés, les élèves pouvaient écrire dessus, par exemple comme on le leur recommandait : "noter entre les lignes et à la marge, les remarques du professeur et leurs propres réflexions". Mais très vite (10 ans plus tard) les livres imprimés remplacèrent complètement ces cahiers.


Pour ce qui est des livres, les collégiens d’Avignon utilisaient les ouvrages classiques en usage alors dans tous les collèges, mais ils avaient aussi des ouvrages originaux, pondus par leurs professeurs et donc directement adaptés à eux (c’était un usage propre à tous les collèges de jésuites, mais les professeurs d’Avignon furent particulièrement féconds). Citons par exemple :
-La littérature du P.Columbat en 1592.
-La "Codret", une grammaire latine pondue par le P.Recteur, le p.Annibal Codret, en 1608, et qui à partir de cette date remplaca à Avignon l’universel "Despautiers" (un précis de grammaire écrit par un jésuite flamand en 1575 : le P. Despautère , et qui était en usage dans tous les collèges de la Compagnie).
-Le cours de géographie du P. Bonvalot en 1611, et surtout son "Jeu Historique sur le Vieux Testament" (une mine de renseignements sur les personnages mais aussi les paysages, les moeurs, des pays de la Bible : Egypte, Israël, etc...)
-La " Gretser ", une grammaire grecque pondue par le P. Gras, préfet des études en 1669, particulièrement bien faite car elle contenait une partie spécifique pour chaque classe, de la 6me à la Philo et une analogie systématique avec la grammaire latine.

En fait, les pères publiaient le contenu de leurs cours sur plusieurs années, et quand ils ne pouvaient les faire imprimer, ils donnaient à leurs élèves l’accès à leurs cahiers de cours déposés à la bibliothèque.


EQUIPEMENTS DU COLLEGE D’AVIGNON

Si l’équipement de nos écoles actuelles (gymnase, ordinateurs, C.D.I ...) est important, celui des anciens collèges, quoique dans une toute autre gamme parfois, ne l’était pas moins !


Les collèges des Jésuites au XVIme siècle proposaient aux maîtres et aux élèves divers équipements dont certains nous font envie.
Ainsi le collège d’Avignon possédait une riche Bibliothèque car plusieurs cardinaux lui avaient légué leurs " librairies " (bibliothèques privées). Les élèves pouvaient y travailler et de nombreux érudits avignonnais venaient y consulter des ouvrages. La bibliothèque s’enrichissant sans cesse, on la divisa en 3 : une bibliothèque des ouvrages religieux, une autre des ouvrages littéraires, et une 3me pour les ouvrages scientifiques

Le collège cultivait un jardin botanique situé dans la rue de l’Observance. Il servait à alimenter en plantes médicinales la pharmacie du collège, mais on y menait aussi les élèves afin de leur faire étudier sur pied les diverses plantes et fleurs.

Le collège possédait un Observatoire Astronomique . L’archevêque, Mgr Belli, avait financé pour cela la construction d’une tour en 1621. En 1632 le P.Kircher en prit la direction et l’équipa magnifiquement. Sous sa direction les élèves montaient y travailler , ils aimaient particulièrement observer les astres la nuit (dixit le P . Kircher).
En 1635 , il quitta à regret (Cf sa correspondance !) son observatoire d’Avignon pour celui du collège Romain, mais il n’y retrouva pas son " Aegyptiacum coelum d’Avignon " (Ciel égyptien).
Tous les collèges de la Compagnie étaient célèbres pour la qualité de leur enseignement artistique : musique, danse, et théâtre étaient partout trois activités majeures, et dans tous les collèges existait une " salle des Actions " (sous-entendu théâtrales) où les élèves se produisaient en public. A Avignon cette salle était particulièrement vaste et bien décorée, car le collège eut des maîtres de musique célèbres (en particulier Intermet) qui composaient eux-mêmes des oeuvres originales qu’ils faisaient jouer aux élèves.
Ainsi en 1646 les élèves d’Avignon jouèrent une tragédie lyrique (jouée, chantée, et dansée) : "Akebar, roi de Mogol", et ce fut le premier opéra représenté en France.
Déjà en 1622, lors de la visite de Louis XIII au collège, les élèves avaient donné le 1er opéra-ballet interprété en France, dont le roi demanda une copie qui fit un "tabac" à Paris où la mode fut désormais aux .... comédies-ballets (selon les moeurs de l’époque les représentations théâtrales étaient toujours précédées par un ballet dansé par les élèves mais cette fois-là Monsieur Intermet avait audacieusement innové en mêlant le ballet à l’action théâtrale).

LA MAISON DE CAMPAGNE
L’ancien collège et le noviciat étaient "dotés" , c'est à dire vivaient sur les revenus de biens fonciers achetés par la Compagnie ou donnés par de riches bienfaiteurs. Par tradition les noviciats et collèges jésuites avaient toujours une " maison de campagne " où l’on conduisait les élèves, mais qui servait surtout pour les vacances des pères et des novices (tous les pères généraux, comme l’avait fait st Ignace , insistèrent sur la nécessité de " vacances " pour les pères enseignants, et l’habitude était alors générale de fuir la chaleur et les fièvres que généraient les villes en été, surtout dans nos régions) . L’ancien collège et le noviciat d’Avignon disposaient donc d’une maison de campagne
.

La maison de campagne Saint Gabriel était située dans la banlieue d’Avignon (alors en pleine campagne) du côté de la Durance (un quartier de lotissements récents porte ce nom, jusqu’à il y a une douzaine d’années c’était encore un coin de prés et de cultures maraîchères , il n’en reste que 2 ou 3 bouts de verdure et une petite église) .
C’était une belle maison :
"Un élégant bâtiment avec un pavillon à chaque bout, au Nord une colonnade ouvrant sur des pelouses et bosquets, au Sud une vaste terrasse. A l’intérieur : un grand vestibule atrium avec au fond un escalier à double révolution, à droite le réfectoire et les cuisines, à gauche la salle de billard et la chapelle. Au 1er étage : 19 chambres (10 au midi et 9 au nord). "
C’est là que chaque semaine et pendant les vacances les professeurs "après avoir beaucoup sué es peines dans l’exercice des classes venaient se récréer et reposer l’esprit "

Anecdote concernant le P. Kircher, vers 1630.
Après le souper, par une belle nuit d’été, le P. Kircher invita la communauté à venir contempler les astres avec lui dans le jardin de St Gabriel : muni de son télescope qu’il tenait braqué vers le ciel il s’avance dans le jardin à la recherche de l’endroit le plus propice pour bien voir les étoiles. Et soudain ...... plouf ! il tombe dans un puits à roues dont il n’avait pas vu l’ouverture au ras du sol. Les pères eurent un mal fou à le sortir de là ( il fallut réveiller le jardinier), et bien entendu il fut un père pour citer la fable de l’Astrologue . La communauté s’amusa beaucoup de cet incident dont la mémoire est restée dans les archives.

Outre St Gabriel, le collège et le noviciat possédaient ne nombreuses propriétés mises en fermage :


‡ Le domaine dit " des Jésuites " à Verquières, près de Noves
‡ Celui de Gromelle à St Saturnin, avec la Sorgue afférente
‡ Le moulin de la Pusque à Jonquerette
‡ La ferme Tayolle à Entraigues
‡ Le Terradou ( actuelle zone industrielle de Carpentras)
‡ Les prieurés de : Méthamis, Gadagne, N.D. du Gré à Carpentras
Le noviciat, quant à lui, possédait :
‡ Le domaine de la Lone à L’Isle
‡ Celui de Glaugière à Gadagne
‡ Ceux de Liman et de la Condamine à Mornas
‡ La vigne de La Boudoli à Morières


Tous ces biens furent naturellement confisqués et vendus au départ des Jésuites en 1768

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