LA DISCIPLINE
La discipline est un des points sur lesquels les nouveaux collèges diffèrent le plus profondément des anciens. L’Internat, dans l’esprit de l’époque , s’accompagnait d’une discipline de fer.
" Que les parents soient assurés que la vigilance des maîtres s’étend à tous les lieux et à tous les instants du jour et de la nuit " (réclame pour le collège jésuite de St Acheul, 1824)..... et c’était vrai !

La discipline est devenue un élément majeur des collèges.


LES PUNITIONS

Un véritable " code pénal ", ignoré des anciens collèges, a été mis en place. Par ordre de gravité on encourt :
- Le pensum (lignes ou devoirs supplémentaires)
- La férule (et ,comble de raffinement ,les coups sont donnés par un " correcteur " - un employé - à qui le puni doit payer un honoraire)
- La salle de discipline (isolement de 1 à 10 jours : on fait ses devoirs, on mange dans une salle de classe spéciale, où se trouvent parfois plusieurs punis. On annonçait le nom des " heureux " concernés chaque soir à la fin du souper)
- L’exil (qu’on appellera plus tard séquestre) qui non seulement isolait le puni mais le " marquait ", c’était le signe que tout commerce avec lui était dangereux et que, quand il ressortirait, il faudrait l’éviter.
- Enfin le renvoi et le " maneat " (on invitait l’élève à rester chez lui à la fin des vacances). Tous les collèges de la 1ére période affichaient entre 20 et 40 renvois par an.
- Dans quelques collèges on utilisera des moyens plus douteux encore, comme : le " carcan avec flétrissure " (une inscription indiquant la faute commise) , et le " signum " : un objet quelconque remis à un élève pris en faute, il devait dans la journée le passer au 1er camarade qu’il surprendrait à faire la même faute, et celui qui avait le " signum " en fin de journée payait pour tous (au pain sec et à l’eau, à genoux à côté du surveillant du réfectoire pendant tout le souper)
- Mais les autorités de Rome interdiront ce genre de punition, on lit cependant dans le manuel très minutieux qui était remis aux surveillants : " Les punitions les plus convenables sont celles qui humilieront le plus le coupable à condition qu’elles aient un rapport direct avec la nature de la faute commise"


LES CADRES DISCIPLINAIRES.

Là où dans les anciens collèges, et pour des classes de 80 à 100 élèves, un préfet suffisait à tout, secondé simplement par les régents (professeurs), ici on a tout un corps de bataillon exclusivement chargé de la discipline :
- Un préfet général de discipline (pour tout le collège)
- Un préfet de discipline par division d’âges
- Des préfets des moeurs (surveillants), de 8 à 10 par division


L’UTILISATION DES ELEVES.

On utilisait en sus les élèves : dans chaque classe il y a 4 ou 5 censeurs (les 1ers de classe) aux tâches très précises (on est censeur d’étude, ou de réfectoire, de rang, de dortoir, et même de chapelle. " Ainsi , un seul préfet des moeurs garde toute la discipline dans les études où sont 450 pensionnaires en 7 salles avec les censeurs répartis au milieu d’eux, et tout va bien ! ". C’était en 1825 au collège de Bordeaux
Autre temps autres moeurs, le système des censeurs qui n’avait posé aucun problème dans les anciens collèges en posera souvent dans les nouveaux, car le rôle du censeur c’est de signaler au préfet les fautes de ses camarades, ce qui dans l’esprit de beaucoup d’élèves s’assimilait à de la délation : certains censeurs seront haïs et beaucoup d’élèves refusaient cette charge (ils en avaient le droit)
Mais cette pratique avait aussi des avantages (outre l’allégement conséquent du travail des surveillants !). Témoignage d’un élève en 1865 :
" Comme je sortais de 8 jours de salle de discipline pour insolence calculée envers mon censeur, le 9me jour le préfet proclama les charges pour le mois et j’eus la surprise d’entendre :
X (c’est l’ élève en question), censeur à l’étude et au réfectoire. Rire général parmi mes camarades. Le père recommence, nouveaux rires. Il reprend une 3me fois en ajoutant qu’il se passe de nos commentaires. Le silence se fait, j’accepte la charge et dès lors je dus rester tranquille et devenir sage ! "

L’EMULATION

Dans les anciens collèges jésuites, on préférait " l’aiguillon de l’émulation " à " celui des punitions "..... Les " nouveaux collèges " utilisent les deux, et l’émulation, si chère à l’ " éducation jésuite ", y tient encore une grande place.L’émulation reste un ressort capital des nouveaux collèges comme elle l’était dans les anciens :


Les " Fonctionnaires "
Chaque mois, en fonction des notes, le Préfet distribue des " charges ". Il y a ainsi, dans chaque classe, toute une hiérarchie de " fonctionnaires " :
Comme autrefois les 1ers de classe sont censeurs (chargés de la discipline) ou questeurs ( chargés du matériel scolaire) mais il y a désormais aussi des : sacristains, bibliothécaires, facteurs, conservateurs des jeux, sonneurs , poêliers (qui allumaient les poêles dans les classes), maîtres d’hôtel et serveurs de réfectoire, chef lampadaire et ses " officiers " (qui allumaient les becs de gaz le soir dans les études et les couloirs) en tout une trentaine de charges plus ou moins reluisantes.
Outre le fait de soulager gratuitement le travail du personnel, cette pratique (ignorée des anciens collèges) associe les élèves à la vie de la maison, une maison où , contrairement aux élèves d’autrefois, ils vivent 24h sur 24 et quasiment toute l’année.


Le système des " émules " .
Chaque fin de semaine, dans toutes les classes, il y a une " composition ". Les premiers sont proclamés " émules ", ils reçoivent une étoile avec un ruban vert ou rouge selon leur classement qui les signalent à toute la population du collège . Ils reçoivent en outre des " privilèges " : un jour de congé spécial et 3 devoirs en moins.
A l’inverse, chaque fin de mois, a lieu " l’examen des paresseux ". Il est entouré d’un appareil formidable : candidats isolés, surveillance spéciale, jury présidé par le Recteur juché sur une estrade.


Les Académies.
Il y en a dans chaque classe et pour chaque matière " noble ". Véritables clubs des meilleurs, on y débat chaque semaine avec les meilleurs professeurs de la matière, et chaque fin de trimestre elles donnent une " séance publique " dans la salle de théâtre. Leurs membres ont d’insignes privilèges : jours de congé particuliers, accès libre à la bibliothèque, aide des meilleurs professeurs pour leurs devoirs et leurs préparations d’examens. Un ruban aux couleurs de leur académie les signale à l’attention de tous. C’est " l’élite des élèves ", et entrer dans une académie peut être une excellente incitation au travail.


Les tableaux d’Honneur.
Comme dans les anciens collèges, le Préfet proclame solennellement les notes chaque fin de mois mais, nouveauté, cette proclamation est accentuée par les tableaux d’honneur, affichés au vu et au su de tous dans les parloirs, le couloir du réfectoire, les salles de classe, et les études.
A partir de 1840, on n’affichera plus que les noms des 10 premiers, car "c’était un trop dur pilori pour les derniers".


La distribution des prix.

Toute l’année les élèves collectionnent les " points de Diligence " (en fonction des devoirs et leçons quotidiennes) et " points d’Excellence " (en fonction des Compositions). Malgré les réticences des autorités romaines cela a permis d’introduire dans la distribution des prix de fin d’année des prix de Diligence et prix d’Excellence très enviés. S’y sont rajoutés les prix de Sagesse et de Bonne Conduite, tous deux décernés par les élèves. Mais contrairement aux anciens collèges, qui mêlaient toujours avec bonheur l’agréable à l’utile, la distribution des prix est désormais soigneusement séparée de la " Fête de fin d’année " car " on ne mélange pas les futilités avec le sérieux des études".

Dans les anciens collèges jésuites, on préférait " l’aiguillon de l’émulation " à " celui des punitions "..... Les " nouveaux collèges " utilisent les deux, et l’émulation, si chère à l’ " éducation jésuite ", y tient encore une grande place.

L’EMULATION
L’émulation reste un ressort capital des nouveaux collèges comme elle l’était dans les anciens :
Les " Fonctionnaires "
Chaque mois, en fonction des notes, le Préfet distribue des " charges ". Il y a ainsi, dans chaque classe, toute une hiérarchie de " fonctionnaires " :
Comme autrefois les 1ers de classe sont censeurs (chargés de la discipline) ou questeurs (chargés du matériel scolaire) mais il y a désormais aussi des : sacristains, bibliothécaires, facteurs, conservateurs des jeux, sonneurs, poêliers (qui allumaient les poêles dans les classes), maîtres d’hôtel et serveurs de réfectoire, chef lampadaire et ses " officiers " (qui allumaient les becs de gaz le soir dans les études et les couloirs) en tout une trentaine de charges plus ou moins reluisantes.

Outre le fait de soulager gratuitement le travail du personnel, cette pratique (ignorée des anciens collèges) associe les élèves à la vie de la maison, une maison où , contrairement aux élèves d’autrefois, ils vivent 24h sur 24 et quasiment toute l’année.


Le système des " émules " .

Chaque fin de semaine, dans toutes les classes, il y a une " composition ". Les premiers sont proclamés "émules ", ils reçoivent une étoile avec un ruban vert ou rouge selon leur classement qui les signalent à toute la population du collège . Ils reçoivent en outre des " privilèges " : un jour de congé spécial et 3 devoirs en moins.
A l’inverse, chaque fin de mois, a lieu " l’examen des paresseux ". Il est entouré d’un appareil formidable : candidats isolés, surveillance spéciale, jury présidé par le Recteur juché sur une estrade.


Les Académies.
Il y en a dans chaque classe et pour chaque matière " noble ". Véritables clubs des meilleurs, on y débat chaque semaine avec les meilleurs professeurs de la matière, et chaque fin de trimestre elles donnent une " séance publique " dans la salle de théâtre. Leurs membres ont d’insignes privilèges : jours de congé particuliers, accès libre à la bibliothèque, aide des meilleurs professeurs pour leurs devoirs et leurs préparations d’examens. Un ruban aux couleurs de leur académie les signale à l’attention de tous. C’est " l’élite des élèves ", et entrer dans une académie peut être une excellente incitation au travail.


Les tableaux d’Honneur.
Comme dans les anciens collèges, le Préfet proclame solennellement les notes chaque fin de mois mais, nouveauté, cette proclamation est accentuée par les tableaux d’honneur, affichés au vu et au su de tous dans les parloirs, le couloir du réfectoire, les salles de classe, et les études.
A partir de 1840, on n’affichera plus que les noms des 10 premiers, car " c’était un trop dur pilori pour les derniers ".


La distribution des prix.
Toute l’année les élèves collectionnent les " points de Diligence " (en fonction des devoirs et leçons quotidiennes) et " points d’Excellence " (en fonction des Compositions). Malgré les réticences des autorités romaines cela a permis d’introduire dans la distribution des prix de fin d’année des prix de Diligence et prix d’Excellence très enviés. S’y sont rajoutés les prix de Sagesse et de Bonne Conduite, tous deux décernés par les élèves. Mais contrairement aux anciens collèges, qui mêlaient toujours avec bonheur l’agréable à l’utile, la distribution des prix est désormais soigneusement séparée de la " Fête de fin d’année " car " on ne mélange pas les futilités avec le sérieux des études ".

LA MAISON DE CAMPAGNE
Le nouveau collège ne possédait plus de biens (fermes, terres) comme l’ancien, mais il eut lui aussi sa maison de campagne où pères et novices passaient leurs vacances. Elle était en outre utilisée pour les promenades et les journées de congé des élèves.
Lorsque les pères revinrent à Avignon en 1824, la maison de campagne St Gabriel avait été confisquée puis vendue comme les bâtiments du collège et ceux du noviciat. Le 1er été, le marquis de Latour-Vidau leur prêta sa campagne de Fargues au Pontet. Puis pendant une vingtaine d’années ils utilisèrent la " Villa de Champfleury " sur les bords de la Durance, prêtée par le président Croze. Enfin en 1841, Mme de Blacas acheta la campagne de St Chamans, située au bord d’un étang du même nom, et leur en fit donation.

C’était un endroit très frais (et un lieu historique ! C’est là qu’un des premiers évêques d’Avignon, St Amans ou Amant - dont le nom avait peu à peu glissé en St Chamans- avait été martyrisé par les Vandales au IVme siècle). Les pères agrandirent la maison et y firent leur cimetière jusqu’à la fin du siècle. Ils allaient s’y reposer et les novices y passaient les 4 mois d'été (de la St François Régis à la St François Borgia).
La maison du XVIIIme siècle était entourée de grands arbres. Elle se composait de deux étages avec un fronton et un jardin clos de buis et de cyprès au fond duquel un cippe signalait l’emplacement du martyre de St Amans. Un grand verger de figuiers, d’oliviers, et d’abricotiers jouxtait la maison. Derrière la maison se trouvait la ferme avec un troupeau de vaches car la campagne était particulièrement fraîche et verte dans ce secteur.. Les pères ne changèrent rien , ils ajoutèrent simplement une grande aile de bâtiment afin de loger les novices pendant leurs séjours d’été.


Tout naturellement, lorsque le collège ouvrit ses portes en 1850, St Chamans, comme jadis St Gabriel, devint la " maison de campagne du collège ", et encore plus à partir de 1858, lorsque les novices eurent quitté Avignon.

 

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