LE "RATIO STUDIORUM"
Les collèges Jésuites, dans leur enseignement et leurs façons
de faire, se basaient sur un ouvrage " pondu " par leur Ordre à
la fin du XVIme siècle : le Ratio
Studiorum , qui resta en honneur jusquà la Révolution,
et fut même repris dans les " Nouveaux Collèges " du
XIXme siècle.
PREAMBULE NECESSAIRE.
Lorsque les Pères Jésuites ouvrirent leur collège dAvignon,
en 1564, ils navaient pas dautre programme que celui, assez vague,
tracé par St Ignace aux premiers pères enseignants 6 ans plus
tôt, à savoir :
- Enseigner le latin, le grec, et même lhébreu.
- Exercer les élèves par de fréquentes disputes et compositions écrites.
- Leur faire entendre la messe tous les jours.
- Le sermon les dimanches et jours de fête.
- Les faire confesser et communier tous les mois.
- Et suivre autant que possible lordre des cours et la discipline du Collège Romain (ce collège où il avait rassemblé le meilleur de ses expériences universitaires).
Le collège dAvignon fonctionna donc ainsi, un peu au jugé,
pendant 22 ans, puis, en 1586, parut un document officiel de la Compagnie :
le "Ratio Studiorum" (Principe des études), complété
12 ans plus tard par un "Ratio dicendi et docendi" (
lart de parler et denseigner).
Ces deux ouvrages réglèrent désormais le fonctionnement
des collèges jésuites dans le monde entier, mais ce nétait
pas des "bibles" car St Ignace avait bien insisté sur la liberté
des supérieurs locaux en toutes choses. Chaque pays, chaque région,
et même quasiment chaque collège, tout en appliquant les préceptes
du Ratio, eut donc son " règlement local" et " de ville
à ville les anciens collèges jésuites offraient une extrême
variété tant dans leur enseignement que dans leurs règlements".
Avignon eut donc son originalité.
LE CONTENU DU RATIO.
Quand on lit le Ratio on est un peu déçu : on sattend à
une grande proclamation pédagogique , une sorte de "méthode
jésuite", et ce nest quune succession de règles
de détail, qui plus est puisées dans un siècle qui nest
plus le nôtre.
Mais, quand on a tout lu, on se rend compte que de cette accumulation dapplications
particulières se dégagent quelques grands principes qui étaient
au XVIme siècle furieusement novateurs et qui demeurent dactualité.
- Le rôle du maître, qui nest pas de dispenser des connaissances, ni même dinstruire, mais " dexciter les intelligences.
- Le travail personnel de lélève qui nest pas dapprendre avec sa mémoire mais de réfléchir et de concrétiser cette réflexion dans ses travaux.
- Labandon total de la coercition, et lémulation comme principal ressort.
Nanti de ces trois " viatiques ", tout régent (père
enseignant) pouvait devenir un " éveilleur dintelligences
", Ils y parvenaient inégalement mais tous, en enseignant, avaient
ces trois principes en ligne de mire.